1916
L'Année de Verdun
L'année 1916 est marqué sur le
front de l'Ouest par deux grandes offensives: celle mené sur Verdun par
l'armée Allemande, et l'offensive Anglo Française sur la somme. La
première à éclipsé la seconde dans l'imaginaire collectif , et à vrai
dire, et devenu emblématique de la guerre 14-18, tout au moins en
France. Ce n'est pourtant pas la bataille la plus meurtrière de la
guerre, mais elle symbolise pour les Français la résistance acharnée
des poilus à l'envahisseur; de plus, le fait que la quasi totalité de
l'armée Française soit passé à Verdun à contribué à forger ce mythe.
I) La situation militaire début 1916
La fin de l'année 1915 donne à von Falkenhayn, commandant en chef des armées allemandes pas mal de raisons d'être satisfait:
A l'ouest les offensives en Artois et en Champagne ont été contenues,
et surtout a l'Est les troupes allemandes ont enfoncés les lignes
Russes , ceux ci reculant de 160km sous les coups de butoir des
offensives de von Hindembourg mais surtout von Meckensen.
Les troupes russes n'ont néanmoins à aucun moment été encerclées et elles reculent.
Le haut commandement allemand rechigne à pousser plus loin l'offensive
, de peur de subir le même sort que l'armée de Napoléon, et il decide
de porter ses efforts sur le front de L'ouest.
L'idée
de Falkenhayn est inusité, il s'agit non pas de choisir un point du
front et d'y effectuer une percée, mais de fixer l'adversaire sur un
point bien précis et l'y user.
Cela correspond pleinement à une vision triomphante de la force
industrielle et de la puissance de l'industrie sidérurgique allemande.
Ecraser une armée par la force de l'artillerie, arme industrielle s'il
en est.
l'idée d'usure est expliqué par Falkenhayn lui même dans ses
mémoires,ce qui fait dire à certain que cela pourrait être une
justificzation à postériori du général de l'echec de ce qui devait être
une classique offensive avec intention de percer...
II) Le déluge (21 fevrier 1916)
Le lundi 21 février 1916 vers 7 heures, un déluge de fer et de feu s’abat sur un front de quelques kilomètres (le bombardement est perçu jusque dans les Vosges, à 150 km). Deux millions d’obus (un obus lourd toutes les trois secondes) tombent sur les positions françaises en deux jours.
Les
forces françaises sont écrasées par cette pluie d’acier. Le
lieutenant-colonel Driant trouve la mort le 22 février dans le bois des
Caures. Avec lui, 1 120 hommes tombent. Il n’y aura que 110
rescapés parmi les 56e et 59e bataillon de chasseurs à pied.
Sur le reste du secteur, les défenses sont broyées, disloquées,
écrasées. En quelques heures, les massifs forestiers disparaissent,
remplacés par un décor lunaire. Derrière le feu roulant, le 7e corps rhénan, le 18e hessois et le 3e brandebourgeois avancent lentement.
Malgré tout, la progression allemande est très fortement ralentie. En
effet, la préparation d’artillerie présente des inconvénients pour
l’attaquant. Le sol, labouré, devient contraignant, instable, dangereux.
Bien souvent, la progression des troupes doit se faire en colonne, en
évitant les obstacles.
Contre toute attente, les Allemands trouvent une opposition à leur progression. Chose incroyable, dans des positions françaises disparues, des survivants surgissent. Des poignées d’hommes, souvent sans officiers, s’arment et ripostent, à l’endroit où ils se trouvent. Une mitrailleuse suffit à bloquer une colonne ou la tête d’un régiment. Les combattants français, dans un piteux état, résistent avec acharnement et parviennent à ralentir ou à bloquer l’avance des troupes allemandes.
Un semblant de front est reconstitué. Les 270 pièces d’artillerie françaises tentent de rendre coup pour coup. Deux divisions françaises sont envoyées rapidement en renfort, le 24 février 1916, sur ce qui reste du front. Avec les survivants du bombardement, elles arrêtent la progression des troupes allemandes. Joffre fait appeler en urgence le général de Castelnau à qui il donne les pleins pouvoirs afin d'éviter la rupture des lignes françaises et une éventuelle retraite des troupes en catastrophe. Le général donne l’ordre le 24 février de résister sur la rive droite de la Meuse, du côté du fort de Douaumont, au nord de Verdun. La progression des troupes allemandes est ainsi stoppée grâce aux renforts demandés par Castelnau jusqu'au lendemain, jour de la prise du fort de Douaumont.
C’est la fin de la première phase de la bataille de Verdun. Manifestement, les objectifs de Falkenhayn
ne sont pas atteints. Un front trop limité, un terrain impraticable et
la hargne du soldat français semblent avoir eu raison du plan allemand.
III) La resistance s'organise (février mars 1919)
Le vingt six février Pétain trace sur la carte la ligne de défense au-delà de laquelle il ne faudra rien céder. Cette ligne traverse le champ de bataille, en partant d'Avocourt à l'ouest jusqu'au fort de Moulainville à l'est de Verdun. Puis il trace des lignes verticales délimitant six zones d'action pour chacun des Corps d'Armée. De plus il règle le jeu des appuis réciproques que doivent se donner en artillerie notamment, les corps d'armée dans la bataille. En suivant il prend les mesures nécessaires pour assurer le rendement maximum à la seule voie de communication avec l'arrière (la future «voie sacrée» entre Bar-le-Duc et Verdun).
Le six mars après deux jours
de bombardement épouvantable, les assaillants attaquent sur la rive
gauche entre Béthincourt et la Meuse, avec deux divisions sur une
largeur de cinq kilomètres. Pétain prévoyant avait fait évacuer
la première ligne de défense pour occuper la deuxième à l'abri du
bombardement, malgré cela les allemands parvinrent au Mort-Homme et
à la cote 304, mais sans en conquérir les sommets. C'en en est fini
pour eux des profondes et rapides avances, les français sont
maintenant organisé et résiste avec acharnement. Ils passent
constamment à la contre -attaque en infligeant aux allemands des
pertes cruelles. De son côté l'aviation française a arraché la
maîtrise de l'air aux allemands, à la grande satisfaction de ses
artilleurs et qui plus est de ses fantassins.
IV) attaque sur les deux rives de la Meuse
Le neuf avril les allemands lancent une offensive extrêmement violente sur les deux rives de la Meuse. Ils n'obtiennent que des gains limités, et permettent ainsi à Pétain de lancer le fameux ordre du jour «...Courage, on les aura».
Les exigences du projet d'offensive sur la Somme du Généralissime Joffre, l'empêchent de satisfaire les demandes répétées de renforts d'artillerie que Pétain réclame pour Verdun. En fait celui-ci refuse de passer à l'offensive, sans une artillerie dominant sa rivale allemande. Le désaccord entre le général en chef et son subordonné provoque la mise à l'écart de ce dernier, et sa nomination à la tête de la IIe armée. .LeGal. Nivelle artilleur réputé est nommé à sa place.
Il faudra l'intervention du ministère de la guerre, sollicité par Pétain, pour que soit établie une règle équitable garantissant à l'armée de Verdun le minimum de moyens nécessaires.
Le 22 mai les français menés par le Gal.Mangin reprennent le fort de Douaumont, puis malgré la qualité des troupes engagées le cèdent de nouveau, avec de très lourdes pertes. Pétain voit un de ses principes confirmés par cet échec, la nécessité de museler l'artillerie ennemie avant toute attaque. Auparavant le 4-7 mai les allemands occupent la cote 304, puis le Mort-Homme le 2O-29 mai, mais avec de tels dommages qu'ils renoncent dorénavant à toute action sur la rive gauche.