Le carnet de 1916 est un simple carnet juste relié par une couverture en carton et est de qualité bien moindre que celui de 1915. Il s'agit d'un carnet militaire destiné, comme l'atteste les différentes colonnes, à la comptabilité; Domingo l'a sûrement échangé ou acheté dans un bazar prés du front

Certaines pages de ce carnet sont tamponnée, je me suis demandé s'il s'agissait d'un contrôle quelconque mais après consultation sur les forums dédiés à la grande guerre, il s'avère que ces tampons étaient appliqués par les soldats eux-mêmes sur  leurs carnets, en vue de leur donner une certaine authenticité.

L'année 1916 commence de manière "pépère" pour Domingo qui passe, avec l'ensemble du 170ème R.I., le mois de janvier et une partie de février (jusqu'au 12 Février exactement) au repos à la Neuville aux Bois dans la Marne prés du front de Champagne. L'occupation principale de Domingo y est l'apprentissage du clairon.

Du 16 Février au 26 Février  1916, Domingo Ouret part en permission pour donc dix jours. c'est la seconde permission et il s'est écoulé 8 mois entre les deux. Le 21 Février , jour du début de la bataille de Verdun, journée d'enfer pour les troupes défendant Verdun soumis à un bombardement sans précédent, est pour Domingo une journée bucolique ou il se promène au marché de Saint Jean Pied de Port.
Mais tout à une fin, et après avoir visité sa mère, Domingo remonte vers le front le 28 et 29 février, apeuré par les nouvelles de la bataille de Verdun désormais engagée.

Du 1er au 13 mars, il est cantonné avec d'autres permissionnaires à cohons, petit village de la haute marne dans lequel il s'est visiblement plu et qu'il quitte à regret pour retrouver son régiment à Vaucouleurs.

le 170ème se retrouve à Vaucouleurs au repos après un passage à Verdun auquel donc à échapé Domingo.
Voila ce qu'en dit l'historique officiel du 170ième:
"Après une période de grand repos dans la région de Givry-en-Argonne, le 170ième est appelé à Verdun le 17 Février 1916. Dans la nuit du 28 au 29, il se porte dans le secteur de Vaux, devant Damloup. On lui confie la mission d'arrêter l'avance ennemie devant levillage de aux. Il en organise solidement la défense jusqu'au 2 Mars, jour où les Allemands déchaînent sur nos positions un bombardement extrêmement violent par
obus de tous calibres et par obus asphyxiants. L'infanterie ennemie attaque à 6h.35. Prise sous les rafales de nos mitrailleuses, elle est arrêtée et se replie, abandonnant sur le terrain de nombreux cadavres. Le 3 Mars, le 170ième reçoit l'ordre d'attaquer le village de Douaumont. A 17h45, il part des tranchées Nord de la ferme Thiaumont. Malgré un feu nourri de mitrailleuses et un violent tir de barrage d'artillerie, il occupe à 18h30 son objectif, la lisière N.-E. du village"
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Domingo lui, nous parle d'une autre réalité et retrouve stupéfait son régiment anéantis, à cette occasion il nous parle de la mort de 6 basques qu'il nomme.

le  16 Mars, le général Joffre passe en revue le 170ème et le 174ième.

le 10 avril,  l'ordre de départ tombe. Durant 15 jours le régiment marche , parcourant une centaine de kilometres, et remonte en première ligne en direction de Verdun.
Le 170ème  relève le 147ème au bois de la Caillette le 25 avril sous les bombardements.

le secteur du bois de la Caillette qui n'a plus de bois que le nom se situe rive droite de la Meuse tout près du fort de Douaumont.
le 170 va y passer 10 jours du 25 mars au 04 mai. 10 jours qui vont rester gravé à jamais dans la mémoire de Domingo.

Le 25 bombardement, le 26 le 170RI repousse une attaque, le 27 bombardement et une autre attaque repoussée, le 28 nouvelle attaque repoussée, le 29 bombardement, le 30 bombardement jour et nuit, mais le pire est à venir: le 1er Mai, le 170 passe à l'attaque et enlève deux tranchées baïonette au canon. le 2 et 3 les hommes doivent tenir les positions conquises face aux assauts répétés des allemands.

Le 03 Mai Domingo est enterré vivant par un obus et récupéré de justesse par ses amis. Notre mère, la fille de Domingo nous avait raconté l'épisode et gosse cela m'avait marqué. Il disait avoir survécu car au moment ou Domingo a été enseveli, le casque avait glissé et lui avait recouvert le visage lui offrant ainsi une poche d'air.

Le 04 le 170RI est relevé par le 123RI mais subit encore un bombardement lors du retour.

Le 170 rentre penser ses plaies, et le bilan est  impressionant. au niveau du bataillon de Domingo, la moitié des hommes manquent à l'appel ainsi que le capitaine et l'ensemble des officiers!

Le régiment reste jusqu'au 23 mai à l'arrière et se refait une santé, Domingo lui même soigne sa blessure à la jambe, puis le régiment embarque en train en direction de Reims...

Le 4 Juin, le régiment monte en première lignes et occupe les tranchées dans le secteur du front de Pompelle.
Le secteur est relativement calme hormis quelques bombardements sporadiques.
Les journées du 8 du 15 et du 20 les bombardements sont beaucoup plus intenses.
Le 26, le 170ième est relevé, est stationne à Cumières au repos, au sud de Reims, et ce jusqu'au 11 Juillet...